Saint Antonin Demain

Saint Antonin Demain

SAD no 11 - 15 mai 2016 - BREXIT, interview de Val Johnstone

Val
Johnstone, libraire en livres anciens à la retraite, animatrice d’un blog très
populaire auprès des Anglophones de la région
:
tag-on-line.blogspot.fr                                                                                                                                                                 


Nous
vivons en France depuis 15 ans et nous sentons profondément européens. Ici,
nous avons des amis français, hollandais, allemands et belges, et nous nous
réjouissons de la diversité de nos échanges, de pouvoir découvrir des modes de
vie différents. Nous nous sentons plus européens que français, mais si la
Grande-Bretagne sort de l’Europe, nous espérons obtenir la nationalité
française.                                                                                                                                                      

La plupart de nos voisins français ont des enfants qui travaillent au
Royaume-Uni, principalement à Londres. Ces échanges au sein de l’Europe sont à encourager.
En cas de sortie, les obstacles rencontrés pour les  Français au Royaume-Uni comme pour les
Britanniques en France seraient considérables et inutiles. Une Europe forte
donne à tous les pays une puissance commerciale dans le monde entier. Briser
une telle force serait une erreur, j’espère que la crise des réfugiés
n’attirera pas les bigots et les racistes en grand nombre à voter, aboutissant
ainsi à l’isolement de la Grande Bretagne.                                                          


18/05/2016
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Lettre d'information SAD no 11 - 15 mai 2016

EDITO

Nouvelle hausse des impôts de la communauté de communes QRGA: pourquoi ?



Après la hausse des impôts locaux (part communautaire) de 33 % en 2015, il a été proposé au conseil communautaire du 12 avril une nouvelle hausse de plus de 7 % pour 2016. Sans concertation ni débat préalables, autres qu'une consultation écrite des maires.

 

Élu au conseil communautaire, je n'ai pu voter cette proposition.

Pourquoi ?

On nous dit que cette hausse serait nécessaire pour compenser la baisse des dotations de l'Etat, qu'il faudrait les 60 000 euros, produits par cette augmentation des taux, en compensation des 46 000 euros de baisse de la DGF (dotation générale de fonctionnement). Mais le projet de budget pour 2016 montre que, comme pour la plupart des communes rurales (c'est moins vrai pour les départements), cette baisse est plus que compensée par l'augmentation d'autres subventions de l'Etat, en fonctionnement comme en investissement.
Hausse nécessaire pour accompagner les transferts à venir de compétences des communes à la communauté ? Non plus, car la communauté de communes va passer en régime de FPU (fiscalité professionnelle unique), qui comporte une exacte compensation des charges transférées des communes, sous le contrôle d'une commission d'élus (la CLECT) qu'on vient de mettre en place.

Nécessaire, enfin, pour boucler l'équilibre du budget de fonctionnement, comme nous avions du le faire, l'an dernier, pour le budget 2015 ? Pas vraiment. On a vu, dans le compte administratif de ce dernier budget adopté en mars, que les écarts entre prévisions et exécution pouvaient être très supérieurs aux 60 000 euros supplémentaires qu'on veut encore demander aux contribuables.

 

À vrai dire, il y a bien lieu de s'interroger, pourtant, au delà de 2016, sur l'avenir des finances de la communauté, et de leur équilibre, menacé par la dynamique de certaines dépenses (celles pour la petite enfance, par exemple), et par la tendance de l'Etat à se désengager de certains services qu'il apportait aux collectivités (comme pour l'urbanisme).
Mais alors, avant de décider d'éventuelles hausses d'impôts, il faut regarder, et débattre, l'ensemble des éléments qui commandent cet équilibre, surtout en fonctionnement: le niveau des services auquel on tient pour les compétences transférées, notamment les compétences facultatives; le niveau des dotations de l'Etat (DGF) en ce qu'il dépend de nous (le montant de la DGF dépend du coefficient d'intégration fiscale); le niveau d'imposition qui paraît acceptable par comparaison avec les communautés de communes comparables.

 

Thierry Le Roy

 

 

 

Le BREXIT et les Anglais de Saint-Antonin 

 

A l'approche du référendum du 23 juin, nous avons voulu en savoir un peu plus sur le "BREXIT" tel que le voient nos concitoyens britanniques de Saint-Antonin.


Qui avons-nous rencontré ? Une bonne quinzaine d'Anglais, installés depuis 5 à 20 ans à Saint-Antonin, mais aussi à Varen ou Feneyrols et sans intention déclarée d'aller jamais vivre ailleurs. Majoritairement retraités, jeunes ou bientôt retraités. Le plus souvent actifs, voire très actifs, dans des activités sportives (randonnées) ou culturelles (chorales ou bourse aux livres) exercées dans un cadre associatif, qu'ils disent volontiers ouvert à tous les habitants (et qui, parmi les Français, attire surtout ceux qui veulent apprendre l'anglais). Activités plus sociales aussi, comme on l'a vu à Rehoboth. Un niveau moyen de ressources et d'éducation qui les rend peu anxieux de l'avenir. (Nous sommes conscients de ce que ce portrait-robot à de réducteur, comme de la valeur très relative de notre échantillon).


Qu'est-ce qui se dégage de ces interviews ?


- D'abord, un très bon accueil à notre curiosité et à nos questions. Une seule interlocutrice s'est étonnée que nous nous intéressions à une affaire sur laquelle nous ne saurions avoir d'influence (écho à la récente intervention d'Obama ?). Tous exposaient fièrement leurs opinions et leurs intentions de vote, généralement bien arrêtées; difficile de prétendre qu'ils s'en fichent. Même celle qui ne vote jamais faute que la valeur du vote blanc soit reconnue s'exprime fortement contre le BREXIT. La règle électorale anglaise qui prive du droit de vote les expatriés depuis plus de 15 ans est, parmi eux, fort contestée. Ceci contraste avec leur très faible taux d'inscription sur les listes électorales françaises pour les élections municipales ou européennes (à Saint-Antonin, 35 inscrits en 2015, soit 2,5 % du corps électoral, alors que leur part dans la population doit approcher les 10 p/cent).

 

- De fait, nos Anglais, souvent bien connectés par satellite, paraissent bien informés sur le débat politique en cours outre Manche. Pour autant, à près de deux mois encore du scrutin, ce débat ne les occupe pas beaucoup entre eux ("Ah si! On en a parlé hier, au déjeuner de notre club de voitures originales...").


- Il est vrai que le sens des intentions de vote de nos résidents britanniques, sans être unanimiste - nous avons rencontré une partisane déclarée du BREXIT, jeune retraitée d'une carrière d'entrepreneur en Angleterre puis aux USA -, est clairement contre le BREXIT. Parfois, par internationalisme militant, une tradition qui existe au Royaume-Uni ("Nous sommes pour un monde sans frontières") ou par attachement réel à la construction européenne (par delà la critique du fonctionnement de "Bruxelles" qu'ils semblent tous partager); plus souvent, par réalisme affiché: "on ne peut changer brutalement des liens économiques si forts tissés depuis 1973; il faudrait de toutes façons de si longues négociations...". Mais, pour ou contre, tous souhaitent retenir l’ensemble de leurs droits d’expatriés…


- Les arguments échangés au Royaume Uni dans le débat, qui pourrait être européen mais qui demeure très britannique, voire centré sur des enjeux politiciens intérieurs (entre Cameron et Johnson, par exemple), sont bien connus d'eux. On y parle des conséquences concrètes sur le cours des monnaies, sur les flux financiers et commerciaux, en les disant difficiles à apprécier; des conséquences attendues sur les flux migratoires, décrites comme un facteur important du vote pour le BREXIT. A Saint-Antonin, les citoyens britanniques redoutent plus l'impact sur les esprits: en Angleterre, l'illusion du "grand large" retrouvé; en Europe, le développement des tendances centrifuges.


- Et les conséquences pour eux, à Saint-Antonin ? Ils ne se sentent pas particulièrement menacés, quel que soit le résultat du référendum. Peu d'entre eux évoquent leur enracinement. Mais pas davantage ils ne parleraient d'un départ. Tout au plus, en cas de BREXIT, se voient-ils acculés à obtenir, par nécessité pratique, la nationalité française, dont aujourd'hui ils n'éprouvent pas le besoin. Mais qui sait ? On connaît la mobilité si caractéristique de tant d'investisseurs anglais...


- Au bout du compte, cependant, comme on prend toujours ses désirs pour la réalité, les pronostics, encore incertains, penchent dans le sens du "maintain". On compte sur la peur du changement. On rappelle qu'en 1975, seul précédent britannique, le référendum imposé par les Travaillistes qui avaient subi l'adhésion dans l'opposition, avait donné 67 % de votes pour l'Europe !


- Une suggestion entendue, toute britannique, pour finir: pourquoi ne pas prévoir, le jour du scrutin (qui se fera par internet pour s'inscrire, et par correspondance pour voter, très facile si on veut voter), deux urnes à Saint-Antonin, pour avoir un "exit poll" du vote des Anglais d'un côté, de ce que serait le vote des Français de l'autre ?

Laure Rose et Thierry Le Roy

 

A propos de Nuit Debout

Vendredi 30 avril, entre vingt et trente personnes, venues de différentes parts du territoire, se sont retrouvées sous la halle pour une Nuit Debout de quelques heures en soirée afin d'échanger paroles et repas. Ils ont proposé un nouveau rendez-vous le vendredi suivant, puis celui d'après, à partir de 19h. Cette initiative s'inscrit dans le mouvement large qui touche les grandes villes de France depuis deux mois, avec pour thème central la loi dite « El Khomri » sur le travail, mais aussi des pistes de réflexion pour faire mieux vivre la démocratie et répartir les richesses. Dès la première soirée, les participants ont également affirmé leur volonté de raisonner au niveau local, sur les enjeux liés à l'économie, aux monnaies alternatives, aux lieux et aux modes de décision, à l'environnement, au logement, à la solidarité. Les débats ont parfois été vifs mais la volonté de poursuivre les échanges dans l'écoute et le respect, chaque vendredi peut-être, a été clairement réaffirmée.

Ce projet perdurera t'il au-delà de l'imposition brutale de la loi travail par le gouvernement ? Assiste-t-on à un retour de la politique à son sens littéral de « vie de la cité » ? Un nouvel espace de type agora est-il en train de naître ? Gageons que cette nouvelle implication des citoyens, ici et ailleurs, laissera des traces...

Saint-Antonin Demain

 

Chronique de la vie municipale

 

 

1) L’école et le budget municipal

 

Le budget 2016 de Saint-Antonin a été, comme en 2015, voté à l’unanimité du conseil municipal, le 24 mars, y compris par les auteurs de cette lettre d’information, notamment parce qu’il met en œuvre la priorité du programme municipal que constitue la reconstruction de l’école élémentaire. Un pré-programme avait été adopté en conseil municipal le 19 décembre 2015, ainsi qu’une convention avec le collège (le département) pour la cantine, qui sera commune. Plus de 400 000 euros d’investissements sont inscrits à ce titre au budget 2016 (incluant l’opération de déplacement des tennis). Pour l’ouverture de l’école nouvelle, l’horizon reste la rentrée 2018.

Le programme maintenant soumis à concours d’architectes arrête déjà un certain nombre d’options, après discussion en conseil municipal (le choix de localisation sur le site, l’organisation de la cantine, notamment). Mais beaucoup reste à décider par le jury du concours qui se réunira le 13 juin pour choisir le projet.

Saint Antonin Demain continue de plaider pour davantage d’information, y compris de réunions publiques, sur ce projet qui doit convaincre tous les Saint-Antoninois, d’aujourd’hui et de demain.

 

2) Place des Moines et Aveyron

 

La question du barrage (chaussée) de Roumegous, dont les services de l’Etat programmeraient l’ « effacement » (ou une brèche) au nom du principe de « continuité écologique » des rivières, a été exposée dans notre no de SAD du 15 janvier. Depuis, s’est tenue à Saint-Antonin, le 17 mars, une réunion publique, très suivie, pour entendre les avis des experts (et des militants) de ce sujet.

Nous avons nettement le sentiment, à SAD, que les Saint-Antoninois tiennent à leur chaussée de Roumegous, et, plus encore, au plan d’eau (« miroir d’eau ») qu’elle permet devant la place des Moines. Nous regrettons donc que la municipalité ne se prononce pas plus clairement en ce sens, qui n’interdirait aucun des aménagements qu’elle envisage par ailleurs pour la place des Moines.

Une bonne nouvelle sur un sujet connexe, qui conditionne indirectement l’arrivée d’enfants dans notre école élémentaire : la crèche Capucine de Saint-Antonin est confortée par l’arrivée d’une subvention, inédite, de la communauté de communes du Pays cordais (d’où vient une forte minorité des enfants), et par le maintien de celle de notre communauté de communes QRGA.

 

3) Le plan d’urbanisme

 

Le conseil municipal avait déjà délibéré, en 2015, sur les orientations (« PADD ») du futur plan d’urbanisme intercommunal (PLUI), en proposant des amendements insistant sur le rôle des centre-bourgs dans le territoire communautaire, et sur la nécessité d’y construire et réhabiliter aussi des logements.

Nous en sommes maintenant au stade de la rédaction, confiée principalement aux communes membres de la Com com, du règlement, c'est-à-dire de la distribution des droits à construire. L’objectif retenu est notamment de lutter contre ce qu’on appelle le « mitage », en concentrant plus qu’avant les zones constructibles : il faut, d’ici 2025, plus de logements construits ou réhabilités (pour maintenir la population), mais dans des zones constructibles resserrées. Sur cette réduction des zones constructibles, deux communes membres, Caylus et Parisot, ne veulent pas des objectifs retenus, et, du coup, la municipalité de Saint-Antonin menace de faire de même.

Par ailleurs cette dernière année d’élaboration du PLUI est aussi l’occasion de travailler aux enjeux de protection du patrimoine, aujourd’hui assurés par le régime de la ZPPAUP (zone de protection du patrimoine, où l’avis de l’ABF est requis pour toute modification du bâti), régime qu’une loi est en train de changer. Faut-il maintenir inchangé le périmètre arrêté en 2006 ? Faudrait-il signaler davantage l’intérêt du « petit patrimoine rural », que tant d’associations locales ont déjà inventorié ? Faudra-t-il repenser la protection du vieux Saint-Antonin du centre-bourg, en considérant aussi les intérieurs les plus intéressants ?

Toutes ces questions pourront être évoquées lors de la réunion publique d’information prévue le 26 mai 2016, à 20 h 30, en mairie de Saint-Antonin.

……………………………………………………………………………………………………………………………………………

Cette lettre d'information est éditée par l'association "Saint-Antonin Demain"

(présidente : Florence Morot-Gaudry ; trésorière : Claudie Vergne ; secrétaire : Edouard Vignal).

 

Vous pouvez devenir adhérent-e (cotisation : 5 euros), et nous contacter à l'adresse suivante :

18 bis chemin de Santou / saint.antonin.demain@gmail.com / saintantonindemain.blog4ever.com

 

Prochain numéro (11) : 15 juillet 2016


16/05/2016
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Saint Antonin Demain no 10 - 15 mars 2016

                     

 

 

LETTRE D'INFORMATION N° 10

15 mars 2016

 

 

EDITO

 

 «L’office du tourisme était une affaire de la commune, depuis toujours. A Saint-Antonin, nous le savons, et nous sommes fiers de notre office, reconnaissants à ceux qui le font, agents de la commune, professionnels du tourisme associés, bénévoles.

 

En 2016, cet office va devenir l’office de la communauté  de communes (QRGA), en vertu de la loi du 7 août 2015 qui impose ce transfert de compétence au plus tard au 1er janvier 2017, sort partagé par les quelques offices et syndicats d’initiative qu’on trouve dans cinq autres communes de QRGA. Les modalités de ce transfert restaient à déterminer.

 

Il faut le dire clairement : l’office de Saint-Antonin n’est pas bien traité dans l’organisation que la communauté de communes vient d’adopter pour le futur office intercommunal (« communautaire ») : alors que l’office de Saint-Antonin est aujourd’hui géré par une association, subventionnée mais autonome, présidée par un professionnel du tourisme, l’office intercommunal sera un service directement placé sous l’autorité du président de la communauté de communes ; auprès de ce service, géré en « régie », sera réuni un « conseil d’exploitation » qui ne donnera que des avis, et où Saint-Antonin aura ¼ des membres, alors qu’aujourd’hui, son office accueille les ¾ des touristes du territoire intercommunal (78 % des visiteurs, exactement, en 2015) ; disparition de l’association : les professionnels seront exclus de la gouvernance (des instances décisionnelles), les bénévoles aussi.

Il faut le dire, encore : cette conception dénote une profonde ignorance du secteur du tourisme. Sans la participation, l’association, l’adhésion des professionnels du tourisme concernés, une collectivité locale ne peut s’assurer de la qualité du travail de son office, ni de la confiance, indispensable, des professionnels.

 

Mais regardons l’avenir. On peut comprendre, même à Saint-Antonin, que les petites communes de notre communauté, notamment celles dépourvues de services pour le tourisme, aient un instant redouté que Saint-Antonin s’approprie le tourisme sur l’ensemble du territoire. Cela passera. Nous sommes convaincus que les équipes en place, à Saint-Antonin et dans les autres communes dotées d’un office ou d’un syndicat d’initiative, sauront créer les confiances mutuelles. Nous pensons qu’une association des professionnels devra se reconstituer, à l’échelle intercommunale, que les bénévoles y retrouveront leur place, et que le dialogue entre élus et professionnels, nécessaire à toute politique du tourisme, sera retrouvé. Pourvu que les compétences professionnelles – et bénévoles – disponibles soient reconnues, et qu’on veille à ce qu’elles ne soient pas démobilisées. Les choix des prochaines semaines, notamment pour la direction de l'office devenu intercommunal seront un signal décisif.»

                                                                                                                     S A D (Saint Antonin Demain)

 

SOMMAIRE 

1) Trouver à se loger à Saint Antonin Noble Val

2) Vide sanitaire dans les élevages de volaille

3) Réhoboth au 15 Mars 2016

 

 

1)     TROUVER A SE LOGER A SAINT ANTONIN NOBLE VAL

 

Saint-Antonin se veut attractive pour de nouveaux habitants, et construit une nouvelle école, entre autres, pour encourager les jeunes familles à s’y domicilier.

Et pourtant, on sait que ce n’est pas facile… même, on l’a vu récemment, pour un jeune qui voudrait y exercer comme médecin, ou pour un professeur du collège qui voudrait habiter dans la commune. Davantage de gîtes touristiques saisonniers que de logements locatifs à l’année ; des prix élevés pour les logements à l’achat; des difficultés même pour acquérir des terrains à construire.

SAD a voulu y voir clair, en enquêtant parmi les acteurs professionnels, privés et publics, du marché de l’immobilier local.

 

1)      Voulez-vous devenir locataire ?

 

Ce ne sont pas les loyers qui sont prohibitifs : l’APL est là pour tenir compte des ressources des intéressés. Des logements vacants, il y en a, (environ 12 % des logements, sur notre territoire) MAIS des logements offerts à la location, il y en a fort peu.

 

En premier lieu, ne sont pas offerts à l’année : 

- Les résidences secondaires inoccupées, en dépit de la taxe sur les logements vacants, instituée à Saint-Antonin voici une quinzaine d’années

- Les chambres d’hôtes (68 places en 2015) et les gîtes (112 places, en augmentation avec de nouveaux hébergements pour groupes), qui sont tous pleins l’été : Dix semaines de location estivale rapportent plus qu’une location annuelle, notamment parce qu’elles n’exigent pas d’investir dans l’isolation. Les gîtes sont donc fermés ou vacants une grande partie de l’année. Offrir une location pour le hors saison est compliqué (il faut louer en meublé, ou trouver un garde-meuble), mais, même marginale, une telle offre répondrait à une demande qui est apparue, depuis deux ou trois ans, celle de salariés à durée déterminée, d’ouvriers de chantier, de stagiaires, ou d’instituteurs remplaçants.

 

On trouve, en deuxième lieu, une difficulté, commune à tout le marché locatif : les soucis pour le propriétaire de la gestion de sa location, et, surtout, le problème des impayés. Mais ne pourrait-on explorer, promouvoir, améliorer les mécanismes de garantie efficaces pour les propriétaires qui mettent leurs logements en location sans passer par une agence ?

 

Enfin, et surtout, hors des gîtes et des chambres d’hôtes,  le parc de logements locatifs est relativement faible à Saint-Antonin : si faible que les agences immobilières ne s’en occupent pas. Un guichet d’information existe à la Maison des services publics, qui suit également les annonces d’offres sur Internet ou Le Bon Coin. Mais elles sont fort peu nombreuses. 

Il y a bien un parc de logements communaux (28 logements, dans six immeubles du centre-bourg, acquis et réhabilités à cette fin par la commune) et 18 logements HLM gérés par la Société Tarn-et-Garonne Habitat : mais il y a des listes d’attente, et l’attente est longue car la population locataire y est stable. 

Il y a aussi un parc privé, de quelques investisseurs, notamment en centre-bourg, mais qui fonctionne de la même façon (listes d’attente, pas de marché ouvert). 

 Alors, pourrait-on essayer de mieux connaître la demande actuelle (que recouvre le chiffre de 247 demandes reçues en 2015 par le guichet de la Maison des Services publics – contre 16 offres) : motifs de la demande, du refus le cas échéant, solvabilité, etc. ? Connaître aussi la demande potentielle ? Ne pourrait-on, ensuite, envisager d’augmenter en conséquence le parc municipal, comme on l’a fait à d’autres époques, en acquérant ou en réhabilitant des immeubles ?

 

A tout cela, il faut ajouter que la demande de logements locatifs n’est pas homogène : il y a une demande de logement social, qui pourrait, il est vrai, venir de bien au-delà des limites de notre commune. Il y a aussi une demande temporaire (en meublé), de personnes qui préparent une acquisition. Il y a, encore, la demande des personnes âgées pour des logements situés en centre-bourg, « assez près du boulanger pour pouvoir s’y rendre à pied », de plain-pied ou munis d’ascenseurs (comme à Montpezat-de-Quercy) ; la municipalité a su prendre en compte cette demande-là, avec son projet de « maison partagée » rue de la Pélisserie.

2) Voulez-vous acquérir votre logement ?

 

Là, les prix sont un bon indicateur des difficultés.

 

- Le marché est très cyclique, notamment en raison des variations de la demande étrangère, qui représente plus de la moitié de la clientèle et des opérations pour certaines agences. Ces variations peuvent être fonction du cours de la Livre ou du foncier londonien…

 

- Mais, pour cette même raison, et du fait aussi de la notoriété croissante de notre village, les prix sont relativement élevés, plus que dans les communes voisines, où les demandeurs trouvent parfois plus facilement  un logement à leur portée. Pourrait-on lutter contre l’aspect spéculatif de ce marché par l’instauration d’une taxe locale sur les plus-values de cession des terrains devenus constructibles, comme l’a fait avec bonheur la commune de Castelnau de Montmirail (cf. SAD no 8, sur notre site) ?

Cette demande étrangère profite à la commune, notamment lorsque les logements achetés sont effectivement habités, et de préférence toute l’année. Mais cela ne dispense pas de s’intéresser à l’offre, dont la quantité pèse aussi sur les prix :

 

- Dans l’ensemble de la commune, en encourageant  les projets de réhabilitation et les projets de constructions neuves. ​​​​​​​

. Pour les premiers, coûteux lorsqu’ils sont en centre-bourg, les opérations d’amélioration de l’habitat (OPAH) aidées par l’Etat (que Saint-Antonin pratique à raison de 2 ou 3 opérations par an) pourraient être davantage encouragées : certes, les bénéficiaires doivent s’engager à louer (9 ans), à des loyers plafonnés, à des locataires choisis sous condition de ressources, mais les aides de l’Etat (jusqu’à 40 % de la dépense) et l’exonération significative des revenus de location sont très incitatifs.

. Pour les seconds, qui concernent notamment les hameaux, les municipalités successives s’y sont également intéressées, avec les difficultés qu’on sait, nées souvent de l’opposition des voisins, parfois d’un défaut de concertation préalable, parfois aussi de la conception même des projets, trop éloignée de « l’esprit des hameaux ».

 

- Dans le centre-bourg, bien que moins recherché faute de jardins, la politique de la commune a toujours été de protéger notre patrimoine historique, exceptionnel, tout en le valorisant pour le rendre habitable. Comme dans d’autres villages historiques, Montpezat-de-Quercy par exemple, on gère depuis longtemps cette contradiction : donner accès à la lumière, aménager terrasses et  jardinets, sans ignorer la trame de la ville ni l’histoire des bâtiments. La création d’une « cité historique », prévue en application de la loi culture et patrimoine actuellement débattue au Parlement, pourrait aider à trouver des solutions à cette problématique, en faisant davantage travailler ensemble propriétaires, mairie et Architecte des Bâtiments de France sur les réhabilitations souhaitées.

 

3) Vous voulez construire un ou des logements ?

 

La commune manque de logements, pas de terrains constructibles, notamment dans les hameaux. Ces terrains sont certes moins coûteux que dans la France urbaine, mais ils ne sont pas souvent offerts à la vente.

Le PLUI (plan d’urbanisme) en cours d’élaboration a retenu comme orientation, pour Saint-Antonin comme pour toute la communauté de communes, la lutte contre l’étalement de l’habitat (le "mitage"), et, à cette fin, la diminution des surfaces nécessaires pour construire. Là où il y a déjà exploitation agricole, là où il y a un habitat regroupé  (hameaux, centre-bourg), les règles de constructibilité se voudront encourageantes. Ce plan fixe un objectif de 25 à 30 ha à réserver, sur Saint-Antonin, dans la période 2016-2025.

La protection du patrimoine, parfois perçue comme un frein aux projets, ne concerne pas que le centre-bourg. Cependant, on peut toujours revoir le périmètre de protection (actuellement, celui de la "ZPPAUP"), à l’occasion de l’évolution législative annoncée (transformation en "cités historiques").

Mais, ensuite, comment faire pour que des terrains constructibles soient effectivement construits de logements ? Pour les investisseurs, c’est aussi une question de rentabilité, donc de clientèle solvable.

 

Principales suggestions pour l’action de la commune : enquêter sur la demande locative, avec l’aide du guichet de la Maison des services publics ; reprendre un programme d’augmentation du parc locatif municipal ; susciter un plus grand nombre d’opérations d’amélioration de l’habitat aidées par l’Etat.

 

S A D (Saint Antonin Demain)

2) VIDE SANITAIRE DANS LES ELEVAGES DE VOLAILLE

 

 

Les crises de l’agriculture française ont occupé l’actualité depuis le début de l’année. Les éleveurs, notamment, se sont fait entendre, au salon de l’agriculture mais aussi au congrès départemental de la FDSEA en février. On a mis en avant aussi bien le retrait de la politique européenne (les quotas laitiers de la PAC, par exemple, supprimés en 2015), que les excès de ses normes (par exemple, les seuils de nitrate, dont nous parlions dans SAD no 2).

                       

Notre territoire y est particulièrement sensible, puisque l’activité agricole, d’élevage essentiellement, y reste primordiale. Le nombre des exploitations continue de diminuer (52 à Saint-Antonin, contre 91 en 1988), mais pas la superficie agricole utilisée (4000 ha en 2010 contre moins de 3000 en 1988). Dans la préparation de notre projet de PLUI (plan d’urbanisme intercommunal), un « diagnostic agricole » établi par la Chambre d’agriculture a bien montré que nous devions y être attentifs.

                       

Une crise particulière que cette crise générale semble avoir trop vite occultée : celle de l’élevage de volaille, causée par l’épidémie de grippe aviaire. Epidémie surgie à la fin 2015, et combattue par un « vide sanitaire » (abattages et interruption de l’élevage), temporaire mais total, imposé aux 18 départements du Sud-ouest jusqu’à la fin du premier semestre 2016. Pertes de chiffre d’affaires allant jusqu’à plus de 30 % en 2016, même pour les exploitations qui élèvent, gavent et transforment leur production par la vente directe. Il s’agit du canard, le plus souvent – et le consommateur en verra sûrement les effets sur les prix à noël -, mais aussi des poulets et des pintades, que connaissent mieux le département du Tarn-et-Garonne et, particulièrement, la commune de Saint-Antonin, siège de la principale exploitation du département.

 

Vie des exploitations bouleversée, même si l’organisation professionnelle a su obtenir des mesures compensatoires. 

 

SAD (Saint Antonin Demain)


 

 

3) REHOBOTH AU 15 MARS 2016

 

Comme prévu avec la préfecture et la DDCSPP (Direction Départementale de la Cohésion Sociale et de la Protection des Populations), les 17 demandeurs d’asile quitteront le centre de Réhoboth le 15 Mars, puisque le centre reprend ses activités. Sur les 17 hommes accueillis, 2 ont obtenu leur statut de réfugié, 6 ont déjà eu leur entretien avec l’OFPRA.

 

Cet hébergement qui aura duré trois mois a été extrêmement positif pour eux ; il leur aura entre autres permis de se ressourcer après avoir vécu des situations toutes très difficiles, et de mieux comprendre et de s’insérer dans la culture et la vie française, l’apprentissage du français ayant été un des piliers de l’action des bénévoles, avec le suivi administratif de chaque dossier.

 

Pour les 15 demandeurs d’asile en attente de leurs papiers, ils repartent vers Caylus pour un petit temps, puis rejoindront rapidement des CADA (Centres d’Accueil pour Demandeurs d’Asile) qui les accueilleront tant que nécessaire. Le groupe de bénévoles continuera d’assurer un suivi à distance de chacun d’entre eux, afin de les aider ensuite à mieux s’insérer dans la société française.

 

 

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Cette lettre d'information est éditée par l'association "Saint-Antonin Demain"

(présidente : Florence Morot-Gaudry ; trésorière : Claudie Vergne ; secrétaire : Edouard Vignal).

 

Vous pouvez devenir adhérent-e (cotisation : 5 euros), et nous contacter à l'adresse suivante :

18 bis chemin de Santou / saint.antonin.demain@gmail.com / saintantonindemain.blog4ever.com

 

                     

 

 

 

 


21/03/2016
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Comment un petit village du Quercy trouve "les recettes du bonheur"

Lundi 16 septembre 2013

Ce soir le cirque est en ville, le grand barnum Spielberg a jeté son dévolu sur le site médiéval de Saint Antonin. Blotti au creux des gorges de l’Aveyron, à la limite entre Quercy et Rouergue, autrefois rattaché au département de l’Aveyron avant la création du département du Tarn-et-Garonne en 1808, au cœur d’un triangle reliant Cahors, Montauban et Albi, le village de Saint Antonin s’est transformé, l’espace de deux semaines, en studio « hollywoodien »  à ciel ouvert comme l’a fort justement souligné Télérama.

Le célèbre producteur américain Steven Spielberg (Duel,   E.T., Indiana Jones, Jurassic Park, la liste Schindler) entouré d’Oprah Winfrey et du réalisateur suèdois Lasse Hallström (« le Chocolat avec Juliette Binoche et Johny Depp) a choisi de situer la partie principale de son film « les Recettes du Bonheur » et notamment l’intégralité des scènes de marché au cœur du petit village tarn-et-garonnais (mis à part la toute première scène qui se déroule sur un marché en Inde) .

« Les Recettes du Bonheur » initialement intitulé « le Voyage de 100 PAS » (The Hundred Foot Journey) porte un regard empreint de poésie, une vision parfois onirique de Saint Antonin où les haines recuites se transforment en histoires d’amour. Cela tient parfois du conte de fées !

SAINT ANTONIN, VILLE DE … LUMIERE !

Dans le texte original du roman « le voyage de 100 pas » qui a servi de matrice au film, l’action se déroule à …Lumière, village du Jura. Grace à l’insistance de la municipalité, le nom de Saint Antonin a été conservé (et prononcé à plusieurs reprises) dans le film.

En dévalant le Roc Deymié (la colline « inspirée » de Saint Antonin, d’aucuns préféreront les Solitudes d’Anglars ou les voies mégalithiques du Cirque de Bône), la famille indienne, chassée de son pays après des remous politiques et religieux (son restaurant a été incendié), poursuit sa quête effrénée d’un bonheur perdu avec lequel elle va renouer dans un village médiéval du sud-ouest de la France, quittant l’Angleterre où «  les légumes n’ont pas d’âme ! » …

Alors que le Causse alentour sommeille, écrasé de chaleur, les ruelles fraîches du village abritent les promenades romantiques du coupe formé par les deux « chefs » un temps rivaux (Charlotte LEBON pour le Saule Pleureur –restaurant étoilé- et Manish Dayal pour le nouveau restaurant indien).

PETITE CHRONOLOGIE DES EVENEMENTS

Mercredi 7 aout 2013

Découvert sur Internet ce titre de « la Dépêche du Midi » : Saint Antonin Noble Val : une production américaine recherche 800 figurants dans le Quercy ! Le tournage de ce film aura lieu principalement à Saint Antonin Noble Val du 10 au 26 septembre 2013, Albi et Castelnau de Montmirail.

Helen Mirren, Oscar de la meilleure actrice 2006 pour son interprétation de la reine Elisabeth II dans « the Queen » de Stephen Frears, tiendra le rôle principal aux cotés de Charlotte LEBON (ex-présentatrice météo sur Canal) et de Michel Blanc.

Lasse Hallström, le réalisateur suédois du film a été sélectionné aux Oscars pour son opus « Ma vie de chien » en 1985 ; également nominé en 2001 pour « le Chocolat ».

Lundi 12 aout

Salle Polyvalente Saint Antonin – Début d’après- midi d’une chaude journée d’été. Effervescence pour le « casting » des figurants. Petit questionnaire à compléter, question subsidiaire : « avez-vous déjà eu une expérience de marché ? »  Réponse : « Oui, 30 ans de marché dans le Tarn-et-Garonne et notamment tous les dimanches à …Saint Antonin  en tant que bouquiniste. » Réponse sans doute décisive pour la suite …

Jeudi 15 août

Ce matin (5 heures), le ciel brille de mille feux sur les Causses du Quercy ! Etoiles et …Toile !

Mardi 3 septembre

Le Porge Océan – Début d’après-midi : message de Maxence (Gem Films) sur mon téléphone mobile me proposant une participation    en tant que « figurant » du 17 au 20 septembre. Hésitation (de courte durée). Maxence me précise que les journées de tournage sont très longues…parfois 12 heures ! Et les rémunérations autour de 75 euros par jour. Les essayages des tenues sont fixés au lundi 9 septembre à Albi.

Lundi 9 septembre

Albi- Sortie Route de Millau – 9 Heures

Muni de deux tenues distinctes, je me présente au « studio d’essayage » qui ressemble à une immense friperie installée dans un entrepôt industriel. Je me retrouve au milieu d’un alignement de penderies où s’empilent robes, manteaux, vestes de cuir, blousons etc… Des montagnes de chaussures jonchent le sol. L’habilleuse – après avoir consulté ses collègues- choisit méticuleusement ce qui sera ma tenue de « figurant » tout au long  des quatre jours de tournage : vieille chemise à carreaux, élimée aux poignets, pantalon multi-poches couleur « rouille » et gilet sans manches.

Dans l’annonce il était précisé : « Pensez vendeur sur un marché en mi-saison, l’idée est que nous sommes dans les années 1990 ! »

« Très bon contact » conclut l’habilleuse !  Je demande si je peux aller chez le coiffeur avant le début du tournage : « Non, non, ne changez rien ! Il y aura sur place des coiffeuses et des maquilleuses ! »

Vendredi 13 septembre

9 h 40 – Mail de la production (GEM Films) : « Rendez-vous Tournage, mardi 17 septembre 6 h 30 du matin, salle des fêtes, face à la Poste. Si vous êtes frileux, prenez des (…) Damart ou vêtement chauds. Photos interdites sur le tournage. Ne pas venir accompagné»

12 h 40 – Nouveau mail de la prod’ : « N’oubliez pas votre (…) R.I.B. 

Lundi 16 septembre

« Si vous avez un parapluie, merci de l’apporter/ Tournage maintenu même si mauvais temps ! »

                    SE SOUVENIR DES BELLES CHOSES …

Avant que le temps ne commette son œuvre de dispersion des souvenirs, garder au plus profond de soi la rémanence des émotions et des sentiments, graver dans le marbre le souvenir des belles choses …

Aux images parfois plus belles que la réalité qu’elles décrivent …

 

Mardi 17 septembre

Place des Moines- 6 h 30 – Petit matin gris aux senteurs automnales –

Emotion en pénétrant sous l’immense chapiteau dressé place des Moines par la société de production ! Signature du contrat de travail, rituel qui va devenir immuable chaque matin : inscription sur la feuille de présence, petit déjeuner (café, gâteaux) et – ce préambule terminé- direction la salle des fêtes toute proche pour la séance habillage.

A l’occasion de ce 1er jour de tournage, la foule des figurants est nombreuse à se presser sur les marches de la salle des fêtes (plus de 150 personnes le mardi, environ 80 le mercredi et de moins en moins au fil des jours).

Je reconnais l’habilleuse qui m’a accueilli à Albi, elle ajoute une blouse à ma tenue, mes effets personnels sont rangés sur un cintre  n° 140, enveloppés dans un emballage plastique !

Prochaine étape : maquillage ! Là, qu’elle n’est pas ma surprise de me voir affublé d’une splendide moustache qui va vite devenir l’objet de toutes les attentions ! Tout au long de ces 4 jours de tournage, les différentes maquilleuses (au nombre de 5) n’auront de cesse de se relayer pour recoller, réajuster, ciseler, tailler, affiner cet appendice qui me transforme en Gaulois mode Astérix ! Dernière étape : poudrage et « patine », petit coup de pinceau sur les vêtements et les cheveux.

Samia, responsable du casting, m’intercepte pour me demander si je me sens prêt à « dialoguer » avec les acteurs…Devant mon hésitation, elle en conclut que je suis un peu « timide » …

Le long cortège des figurants se dirige ensuite vers le « plateau » du tournage, arpentant lentement les rues étroites de Saint Antonin en direction du cœur historique du village après un passage « obligé », petit clin d’œil, à côté du Cinéma le QUERLYS.

Mardi 17 septembre

Place de la Halle –

C’est au milieu d’un magnifique déploiement de couleurs et de saveurs que nous investissons la Place de la Halle, lieu du tournage des scènes de marché. De nombreux étals ont été dressés avec goût : tomates, pamplemousses, oranges, myrtilles, framboises et citrons rivalisent dans une palette de couleurs flamboyantes ; que dire de la luxuriance du banc de poissons, de volailles ou de champignons ! On se croirait plutôt devant un tableau de Breughel ou de Jérome Bosch que devant un marché des années 1990 !

Je me souviens du marché du dimanche qui ressemble tant et en même temps …si peu au marché des « Recettes du Bonheur ».

Je me vois confié un étalage d’agrumes.

L’équipe du réalisateur se met en place tranquillement

. Chaque matin, nous assistons à une lente montée en puissance mais une fois en place, l’impression de voir fonctionner une ruche toujours en mouvement.

Aujourd’hui : tournage d’une scène de marché très « mobile ». Charlotte LEBON, accompagnée du jeune acteur indien, parcourt rapidement les différents étals dans le but de ravitailler son restaurant « le Saule Pleureur » en produits frais.

Le metteur en scène (Mischka) me donne les consignes : je dois « balayer » le stand de droite à gauche dans un mouvement de va et vient pour servir différents clients tout en guettant l’arrivée de la caméra qui suit Charlotte. Les choses s’accélèrent : je suis équipé d’un micro et on m’annonce que je vais avoir un dialogue avec Charlotte.

Effervescence autour du stand tandis que m’active à servir pommes, citrons et pamplemousses à mes « clients ».

« En place! Silence! Stand-by guys ! Moteur demandé! Here we go ! ACTION ! Roll!

Partez figuration ! Coupez !” Mischka égrène les ordres d’une voix tonitruante équipé de son porte-voix !

Charlotte et Manish Dayal déboulent à l’angle de mon étalage suivis d’une cohorte de caméramen, perchistes et autres techniciens.

Charlotte (Marguerite dans le film) : « Bonjour Jean-Bernard ! Comment allez-vous aujourd’hui ?.....Vous pourrez me mettre 2 kilos de citrons …vous savez les citrons à la peau lisse ! Vous pourrez me les dé-livrer( !) avant 9 heures, au restaurant le Saule Pleureur ! –Avant 9 heures ! Très bien …Merci !

Coupez ! Prise ! Re-prise !

Charlotte vient me voir entre deux « prises » dans le but de régler nos interventions respectives et éviter que nos voix ne se chevauchent !

A nouveau tête à tête avec Charlotte et Manish mais cette fois la caméra s’installe en position fixe juste devant l’étalage. Gros plan ! Toute l’équipe prend place (réalisateur, metteur en scène, caméraman, perchiste), cette fois plus de doute : je suis sur le grill !

Action ! Coupez !

Linus, le 1er caméraman, vient me voir pour me « positionner » un peu à l’extérieur du parapluie de marché (éclairage ?) et m’indique un point à ne pas dépasser pour ne pas obturer le « champ » de la caméra.

Mischka : « Jean-Bernard, regardez les acteurs, ne regardez pas la caméra ! » ; il est vrai qu’à deux reprises mon regard a glissé entre les acteurs vers ce gros œil qui me scrutait !

Lasse Hallström me félicite, le pouce levé « Great, Jean-Bernard » …OUF je suis rassuré !

La journée se termine assez tard, il est plus de 20 heures quand je dépose ma moustache !

A la manière de … Georges  PEREC  (écrivain français 1936 / 1982)

                        Je me souviens …

Je me souviens du réalisateur Lasse HALLSTROM me demandant ce qu’étaient les mains de Bouddha, un agrume figurant sur mon stand ! Et de l’entendre dire au caméraman « Mais c’est un croisement entre une pieuvre (octopus) et un citron (lemon) ...

Je me souviens des nougats de Stéphanie pris d’assaut par les guêpes, des roses de Richard, des tournesols de Yolande qui plaisaient tant à Helen Mirren, des tisanes de Patricia, des olives d’Olaf et des légumes de Tiphaine et Nicolas !

Je me souviens de cette semaine de septembre, pluvieuse et fraîche où les scènes étaient tournées à la lumière artificielle des projecteurs !

Je me souviens de la semaine suivante où la pluie tombait drue sou un soleil éclatant et un ciel uniformément bleu (des rampes d’arrosage avaient été arrimées sur les murs pour déverser la pluie)

 Je me souviens d’un lever du jour simulé …à la tombée de la nuit sous l’effet de brumisateurs vaporisant du brouillard et d’un projecteur orange pour remplacer le lever du soleil. Cette très belle scène représentait l’arrivée des forains sur le marché, très tôt le matin.

Je me souviens de 30 ans de marché (32 ans aujourd’hui) sur les routes du Tarn-et-Garonne, de 4 jours de tournage pour le marché des « Recettes du Bonheur » et de quelques « précieuses » petites secondes à l’écran !

Je me souviens d’Helen Mirren (The Queen) claquant rageusement les talons en descendant les marches de la Halle : « Il n’y a plus de pigeons ! Vous n’êtes pas gentil avec moi ! »,  alternant une prise en français et une prise en anglais.

Je me souviens d’0m Puri, le Gabin indien de « la Cité de la Joie », déclamant son texte avec sa voix de stentor : « Mon fils est le meilleur cuisinier indien ! », je me risque : « c’est le Ravi Shankar de la cuisine ! »

Je me souviens de Michel Blanc, assis de longues heures à la terrasse du Café de la Halle, devant un verre de …blanc !

Je me souviens des 12 coups de midi retentissant à l’horloge du beffroi, interrompant une tirade d’Helen Mirren qui s’arrêta net dans un éclat de rire contagieux !

Je me souviens de la longue carcasse de Linus, le 1er caméraman, toujours plié en deux pour mimer ses cadrages, anticipant les prises de vue, ses deux mains dessinant une caméra imaginaire : « l’objectif de Linus est de caresser l’objectif comme un amant en extase, nos sens sont en éveil (magazine Rolling Stone).

Je me souviens d’un éclairagiste scrutant le ciel avec une grosse loupe : « A big  cloud is coming ! » (un gros nuage arrive) …Il faut accélérer les prises avant la pluie, la lumière va changer.

Je me souviens de l’œil géant de la caméra fouillant jusqu’au plus profond des âmes !

Je me souviens de Michel Blanc, réécrivant son texte, assis tout seul au café de la Halle.

Je me souviens de Mischka annonçant la fin de la quatrième journée de tournage, la plus exténuante, salué par une salve d’applaudissements.

Je me souviens de Lasse Hallström se déplaçant accompagné de sa scripte, Dominique, dans leur petit chapiteau mobile pour suivre chaque scène de plus près.

Je me souviens des excellents repas servis chaque midi sous d’immenses chapiteaux.

Je me souviens de cette phrase d’Oprah Winfrey : « Cette histoire élève l’âme ! »

 

                                                                                Jean-Bernard MARC

                                                                                   Bouquiniste

                                                               (marchés de Saint-Antonin, Gaillac, Montauban, Caussade)


03/03/2016
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Place des Moines et Aveyron (article de Dominique Perchet, janvier 2016)

Place des Moines et Aveyron :

passé, présent et avenir...

 

L'effondrement du mur de soutènement au bord de l'Aveyron a bouleversé le calendrier : la place des Moines, élément aussi central à Saint-Antonin que la place de la Halle, est devenue une priorité pour la municipalité.

Mais un effondrement, dans une zone historique à fort potentiel archéologique, n'est pas sans conséquence puisqu'il y a obligation de fouiller avant travaux. Il oblige à se poser des questions sur l'avenir de cette place dont on sait qu'elle recèle des vestiges médiévaux (c'était le cimetière des moines de l'abbaye).

Pour compliquer le tout, voici que la loi sur l’eau et les milieux aquatiques (LEMA) du 30 décembre 2006 vient se greffer sur cette question car la place est un belvédère dominant l'Aveyron.

Pour aider à s'y retrouver et se faire une opinion, voici quelques repères...

 

La place des Moines

Points forts et atouts :

Sa fonction de lieu de rencontre, de promenade dans un lieu fermé, protégé, sûr ;

Son patrimoine caché: les richesses archéologiques en partie connues mais à mettre au jour ;

Son patrimoine visible : le style thermal : salle des fêtes, place avec balustrades, escalier, ancien hôtel (cinéma)...

 

Points négatifs :

son aménagement a mal vieilli (sans parler de l'effondrement du mur) : en surface, la dalle est dégradée, la fontaine démodée (4 fontaines de cour accolées), les balustrades sont endommagées, le grand escalier monumental de 1915 bouge. La route départementale encaisse un trafic important dont beaucoup de poids lourds et forme une coupure avec le secteur nord de la cité.

 

Il faut disjoindre deux points de vue :

> La surface : qu'elle soit réaménagée fait consensus (mais après fouilles archéologiques approfondies qui sont un investissement important et qui ont un coût qu'il faut financer (par une recherche de mécénat ?). Sur le contenu du programme, le débat est à mener pour concilier les différentes fonctions de cette place (place à vivre, site archéologique...)

 

> Le front de rivière : très apprécié, ce belvédère est marqué par le thème de l'eau : l'Aveyron, les thermes. Ce patrimoine est protégé, ce qui n'interdit pas de le rénover. Ne pas oublier que ce front est aussi admiré d'en face, rive gauche (il avait été conçu pour séduire le curiste venant par le train).

 

Les chaussées : Roumégous – le Gravier dans la cadre de la directive européenne sur l'eau (DCE)

(Ces éléments concernent aussi la Bonnette).

La DCE vise à connaître les ressources en eau, définir des plans de gestion (SDAGE), bassins par bassins. L'objectif pour 2015 est le « bon état » ou « bon potentiel » des masses d'eau, afin de garantir une gestion soutenable de cette ressource vitale pour l'humanité et pour les autres espèces vivantes. Le « bon état » des masses d'eau est défini dans la DCE :

  • comme le bon état écologique et le bon état chimique pour les masses d'eau de surface
  • comme le bon état chimique et le bon état quantitatif pour les masses d'eau souterraines.

 

En France, la démarche s'est focalisée sur la continuité hydrologique : faire couler l'eau et permettre aux poissons de circuler. A cette fin, un recensement des barrages et chaussées a été entrepris et tous les obstacles à cette libre circulation doivent être soit supprimés ou aménagés au frais du propriétaire (avec plus ou moins de subventions). Dans le Tarn-et-Garonne, les opérations se font en remontant par l'aval : Bioule. Le dossier de Saint-Antonin n'est pas actuellement une priorité.

Pour le Gravier, les passes à poissons existent mais sont obsolètes. Pour Roumegous (chaussée d'environ 60 cm de haut), la proposition est de créer une échancrure (20 m selon le service de l'eau) après une étude historique (la chaussée existait déjà au moment du siège de la ville par Louis XIII) et une étude d'impact (qu'en est-il de la faune piscicole ? L'état de l'eau dépend-il de sa circulation ou des pollutions par ruissellement ? Rôle dans l'économie touristique ? Intégration dans la zone historique protégée? Que sera l'Aveyron après les travaux (voir les photos IGN de 1946) ?).

 

Cet effacement des obstacles n'est un objectif mais pas une obligation quand les barrages ont une utilité. Les barrages qui « servent » sont :

> ceux qui produisent de l'énergie : les aménagements sont des grilles pour éviter de hacher les poissons et des passes à poissons plus performantes. La charge financière incombe en partie à l'exploitant, avec des aides financières.

> L'Onema reconnaît qu'il y a des chaussées qui ont d'autres utilités, notamment patrimoniale ou économique, même si le tourisme n'est pas classé comme tel. (Rapport de l'ingénieur Malavoi publié sur le site de l'Onema). Que se passera-t-il à Albi sous le palais de la Berbie ?

 

Actuellement, les nombreux propriétaires de moulins, certaines communes, relayés par des parlementaires plaident pour un moratoire avant démolition pour des raisons financières (charge insupportable), pour des raisons d'opportunité (est-ce la seule voie pour atteindre l'objectif sachant que l'état de nature n'existe plus depuis longtemps et que la modification à venir des régimes fluviaux plaide pour le maintien de chaussées qui jouent un rôle de régulation) et pour des raisons patrimoniales (les chaussées sont souvent des objets historiques de valeur).

 

Le miroir d'eau, lien entre l'Aveyron et le patrimoine historique.

Plus particulièrement à Saint-Antonin, la brèche dans la chaussée de Roumegous entraînera

> un abaissement du niveau de l'eau, particulièrement sensible en été à l'étiage. L'Aveyron pourrait ressembler à ce qu'il est à la chaussée de Casals ou à ce qu'on devine en photo aérienne en 1946. L'accélération du flux pourrait avoir un impact sur les ressources en eau, sur les affouillements en amont et sur les berges.

 

L’inondation de 1930 a endommage? la chausse?e du moulin de Roume?gous ce qui abaissa d’environ 1,50 m le niveau de l’eau. Lors des travaux destine?s a? re?habiliter cette chausse?e, les mate?riaux pre?sents dans le lit de la rivie?re ont e?te? de?place?s vers la rive droite et le milieu du lit afin que l’eau puisse s’e?couler. Parmi eux, des e?le?ments architecturaux de l’ancienne abbaye furent de?couverts. (Rivals Thèse - note de la page 149)

 

> Rétrécir la largeur de l'Aveyron, ce qui implique de faire des rives enherbées sur les deux bords ;

> Atténuer (?) l'effet miroir, qui est lié au patrimoine historique (notamment thermal) de la cité.

 

Pour Roumegous, selon le service de l'eau, les choix possibles sont donc :

> Destruction complète (avec des aides) ;

> Création d'une brèche de 20 m au milieu pour permettre l'écoulement de l'eau et la remontée des poissons (avec des aides) ;

> Maintien de la chaussée, avec établissement d'une passe à poissons, onéreuse, avec des aides moins élevées, laissant une charge lourde à la commune. Cette dernière option permet le maintien du miroir d'eau mais c'est la moins aidée.

Il reste une dernière option ; ne rien faire (option admise implicitement par l'Onema en attendant qu'une crue mette à bas l'ouvrage, ce qui est dit pour certains ouvrages anciens, fragiles).

L'option ne rien faire (conserver la chaussée) peut être aussi un choix assumé si les études montrent qu'un seuil de 60 cm ne gêne en rien le passage des poissons migrateurs.

 

 

Options...

En attendant les diverses expertises (fouilles archéologiques prescrites ; étude sur les chaussées dont celles de Roumégous (INRAP, service de l'eau), on ne peut que lister des enjeux:

 

>  entre deux « rives » : la cité médiévale et la rive gauche. La place est entre deux ; de la rive gauche, comme cela était voulu après la 1ère guerre mondiale, la cité et la place se reflètent dans le miroir d'eau. L'escalier à double révolution est la marque d'un aménagement monumental comme cet escalier sert aussi de gradins pour voir et pour des animations estivales.

> entre haut et bas : le bas, ce sont les vestiges anciens que la fouille mettra au jour (ils sont déjà repérés en partie). Le haut, c'est la dalle aménagée où on pourra se promener, jouer, se poser sur des bancs à l'ombre (et avec une buvette ou un kiosque à boissons). Faut-il choisir ? Les cryptes archéologiques peuvent être une réponse ; les vestiges médiévaux seraient un attrait supplémentaire à condition d'être aménagés, valorisés et expliqués.

> entre monumentalité et urbanité. La monumentalité, cela peut être l'espace thermal (salle des fêtes, place et ses balustrades, la buvette, l'architecture environnante (l'ancien hôtel devenu cinéma...) ou un champ de fouilles donnant à voir les vestiges du cimetière. Ou les deux ensemble.

L'urbanité, c'est « faire société » ; un bel endroit où on se sent bien, en sécurité, où il se passe des choses : jeux d'enfants, jeux de boules, animations... où on est voyeur et acteur...

 

La place des Moines est une zone de grand enjeu pour la vie ordinaire et touristique de Saint-Antonin. Elle fait  trait d'union entre les quartiers anciens, l'eau et le Roc d'Anglars. Elle est en soi un patrimoine (thermal), elle recouvre un patrimoine très ancien qui ne demande qu'à être mieux connu. Elle mérite donc à tous ces titres une très grande attention et donc débat.

 

 

Sources :

Commission extramunicipale «  aménagement du bourg » Saint-Antonin-Noble-Val.

Service des Bâtiments de France - Montauban 

Service des eaux DDT – Montauban ;

Documentation ONEMA (office national de l'eau et des milieux aquatiques),

Documentation Parlement européen sur la DCE ;

Jean-Pierre Azéma (géographe, expert, spécialiste des moulins, du patrimoine industriel et de l’histoire des rivières - Chercheur associé au CNRS UMR 5136 Framespa/Université Toulouse Le Mirail.

Fédération des Moulins de France : http://www.fdmf.fr/

Fédération départementale de Pêche du Tarn-et-Garonne (fiches rivières)

Cécile Rivals : La construction d'une ville de confluence : les dynamiques spatiales de Saint- Antonin-Noble-Val (82) du Moyen A?ge a? la pe?riode pre?-industrielle  Thèse de doctorat  - 2015

Archives de la société des Amis du Vieux Saint-Antonin : - Robert S., « Sondages arche?ologiques sur la Promenade des Moines », BSAVSA, 1987, p. 39-51.

 

Le PLUI en cours d'élaboration ne dit rien de cette question mais aura à intégrer ces éléments et les choix faits.


16/01/2016
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